Gisant nouveau
2020-2021
Un humain en sa demeure baignée d’ennui, grassement las et en mal de transcendance, songe à de pacifiques, durables et éthiques civilisations cosmiques. Il aimerait en être ; à défaut de le pouvoir, il va fabriquer un alien exemplaire. Inspiré par les représentations qu’en offre notre imagerie populaire, il fouille dans ses armoires, trouve le nécessaire et assemble les parties. Il pense à Frankenstein, qu’il a relu presque récemment.
Dès la création terminée, fatalement, l’engouement retombe ; il comprend que l’être extra-terrestre n’en est pas un, qu’il n’est qu’un agglutinement de saucisses, de plastique et de carton ; que par symétrie, lui, l’être humain, n’est que chair et os, graisse, sang et eau. A la manière travaillée d’une star de drame hollywoodien, il porte l’alien domestique sur un autel improvisé.
Le corps qui gît sur cet autel funéraire représente un alien archétypal. Je l’ai réalisé à partir d’objets qui se trouvaient chez moi : des saucisses de Francfort, une vieille boîte à chaussures, un ballon de baudruche, et les deux parties d’un emballage d’oeuf Kinder de Pâques. J’ai moulé chaque objet et les ai reproduits à l’identique en résine epoxy teintée au pigment. Cette matière noire abyssale, comme pétrolière, éloigne chaque objet de sa signification initiale pour les unifier en un corps nouveau.