Content / pas content : Australopithecus Sediba
2024
Métal, aluminium, moteur électriquecaméra, câbles, sangles, bois, et matériaux divers
Dimensions variables
L'image imprimée d'un humain préhistorique fait face à une machine.
L'image est la simulation numérique d'un buste d'australopithèque. Elle est pliée à 90° au centre du visage, permettant un jeu de perspective : vu d'en-haut, les traits du visage s'affaissent et il semble triste, tandis que perçu d'en-bas, ses traits se tirent et il sourit ; son humeur ondoie dans une ambivalence indécise.
L'image filmée est retransmise en temps réel sur un moniteur. Cette sculpture est comme le making of en direct d'un effet spécial artisanal dont sont donnés à voir, dans le même temps et le même espace, à la fois le processus de fabrication et son résultat.
Le moniteur vertical où est retransmise l'image filmée rappelle le format des selfies, et la caméra tourne sans cesse dans un vertige infini. Le buste paraît flotter dans un espace d'exposition dont le rapport d'échelle est totalement trafiqué par les mouvements de la caméra ; l'espace devient énorme, vertigineux, dans lequel est ballotté l'ancestral faciès comme dériverait un cosmonaute hors de l'atmosphère terrestre – perdu.
Les australopithèques se tenaient, il y a 3,9 à 2,9 millions d'années, à l'orée du développement technique qui caractérise particulièrement l'espèce humaine. Placé face à cette machine qui le scrute, l'hominidé grimace.
“Alors !? Content ou pas content, face à notre devenir technique ?” semble-t-on sussurer, pleins d'une appréhesion amère, à l'ancêtre.
Lors du vernissage de l'exposition TRIOPS où fut exposée l'oeuvre pour la première fois, les visiteuses et visiteurs posaient instinctivement, comme pour jouer, avec l'australopithèque, ou se positionnaient de façon à ce que le buste simiesque remplace le leur, tandis que d'autres photographiaient le résultat affiché sur l'écran ; passé et présent se mélangeaint dans une iconographie mêlée de préhistoire et de comportements ultra-contemporains (selfies et frénésie photographique).
Dans TRIOPS, j'avais exposé conjointement Rereborn (lien). Les deux oeuvres dialoguaient de temps primordiaux et d'avenirs incertains.